Commune avec le Démonisme
Suite à l'intronisation de Vacynaar en tant que roi et à la création de la cité de Vacylnor à la fin du Premier Âge, les humains commencent à prospérer en paix en Illergan. Les principaux ennemis des humains - les servénors et les tribaux - ne constituent plus une menace à cette époque, et la société du Vacyentir s'enrichit et se démilitarise. Petit à petit, les vieilles coutumes austères disparaissent du Vacyentir et les préceptes des anciennes religions (Toh Argan et Dieu ailé) prennent de moins en moins de place dans la vie des humains. Ces derniers délaissent les dieux, et le Royaume de Vacylnor finit par friser la décadence au début du Deuxième Âge. C'est donc dans ce climat de crise des mœurs qu'un groupe de traditionnalistes nommés les Vatranis (vérité en vornien) se dresse contre les déviances de la société afin que les humains du Vacyentir renouent avec les "vraies valeurs". Les Vatranis vénèrent de nouveaux dieux qui - d'après eux- ont toujours existé mais attendent que les humains viennent d'eux-même vers eux afin de mériter leur bénédiction. Le groupe de fanatiques veut donc, tout en redressant une société "malade", lui imposer un nouveau culte. Rapidement, les dirigeants humains du Vacyentir se rendent compte de l’utilité d'un tel groupe moral et religieux et décident donc de lui donner du pouvoir et des moyens. Les Vatranis clament qu’en suivant les préceptes des cinq dieux de la vérité, le royaume deviendra l'une des plus grandes puissances d’Illergan. Ces cinq dieux sont Acalandar le dieu de la justice, Soban le dieu des morts, Dandju le dieu de la guerre, Hémérya la déesse du savoir et Rakna la déesse de la nature et de la fertilité. Ces cinq dieux possèdent chacun un serviteur, appelé Alpha, qui l’aide dans sa tâche. Ainsi Agaan porte la balance d’Acalandar, Myceris récolte l'esprit des morts, Meltorn consigne tout le savoir récolté par les humains, Dorkal est l’écuyer de Dandju et Nergon façonne le climat et les saisons. Le changement amené par cette religion est drastique, mais les humains du Vacyentir sont inexorablement forcés à l'adopter et il faut finalement moins de deux siècles aux Vatranis pour imposer leurs croyances à tout le royaume. C'est la fin de la décadence et du relâchement des mœurs, et la puissance du royaume croît effectivement en flèche, tout comme son agressivité diplomatique et son expansionisme.
Mais un jour, alors qu’une fois de plus Dandju traite Dorkal comme son esclave, ce dernier se révolte et refuse de lui obéir. Il lui dit que les Alphas ne feront à présent plus le travail ingrat des Dieux. En guise de représailles, Dandju tue Myceris (l'Alpha de Soban) à l’aide de sa fameuse « Lame de Dandju ». Furieux, Dorkal brise l’épée en deux, la jette sur Illergan et s’attaque au dieu assassin. Une guerre qui va durer plusieurs années se lance entre les Dieux et les Alphas. En marge de ce combat, Soban, effondré par la mort de sa servante et amante, s’exile vers un plan parallèle à Illergan, Sterraen, où il décide d’accueillir les morts et de leur créer une seconde vie. En effet, après la mort de Myceris, l'esprit des morts ne peut plus trouver la paix, ils se mettent alors à hanter les vivants. Amener ces morts dans un autre plan permet dorénavant à Soban de les contrôler et de les façonner comme il l'entend. Après plusieurs années de combat, les Dieux parviennent finalement à enfermer les Alphas sur un autre plan parallèle : les Enfers. Les vainqueurs retournent alors auprès des humains, et ils découvrent que le chaos règne sur le Vacyentir. En effet, les fidèles se battent eux aussi pour savoir qui des Alphas ou des Dieux doivent régner sur les humains. Les Dieux, par l'intermédiaire du roi de Vacylnor et des Vatranis, bannissent alors les adeptes des Alphas du Vacyentir et offrent aux humains un nouveau nom de culte : La Main de la Vérité. Ils font également savoir que Soban règne dorénavant sur le Royaume des Morts (Sterraen) et que c'est là-bas que les défunts iront inexorablement. Emprisonnés sur leur nouveau plan, les quatre Alphas survivants rencontrent une nouvelle race humanoïde : les démons. Ils décident alors de prendre le contrôle de ce peuple puissant et de lier leurs pouvoirs aux leurs. Les démons, impressionnés par la puissance des Alphas, les acceptent comme maîtres à une condition : qu'ils leur permettent de voyager entre les plans. Les Alphas, s'ils sont eux-mêmes bloqués en Enfer par un pouvoir qu'ils ne peuvent surpasser, parviennent tout de même à manipuler les Portes Tserlan afin de laisser les démons les traverser. De plus, les Alphas ont besoin d'un lien direct avec leurs fidèles - expatriés et éparpillés en Illergan, ils décident donc d'utiliser les démons comme vecteurs de leurs pouvoirs et de la foi de leurs fidèles - désormais appelés les Démonistes.
Les temples de la Main de la Vérité sont construits pour être impressionnants. Ils sont souvent en pierre, avec une architecture grandiose, hauts de plafond, extrêmement décorés : ils sont couverts de peintures, bas-reliefs, fresques, statues, lustres, etc... De plus, tous les meubles sont en bois précieux, faits de main de maître, gravés et décorés. C'est en tout cas l'idéal, mais les temples de campagnes ont rarement les moyens pour tout ce luxe, ce qui ne les empêche pas d'essayer. Le but est d'instantanément montrer le faste et la puissance des Dieux à travers le grandiose du temple. Les temples Vatranis sont construits en pentagone, chaque côté étant dédié à un des cinq Dieux. Cette disposition pose de nombreux problèmes lors des agrandissements des temples, la règle est donc adaptable dans ce cas là : on peut faire des agrandissements qui "détruisent" le pentagone, tant que ces agrandissements se font à partir d'un des cinq murs, et que l'agrandissement est dédié au Dieu approprié. Les plus grands temples sont donc tentaculaires, avec des suites de salles pentagonales et de couloirs pour les relier.
La pièce principale accueille une vaste table et des bancs (richement décorés si possible, bien entendu). La table sert à accueillir les fidèles pour partager le repas. En effet, la tradition veut que le temple fournisse abri et nourriture à tous les démunis. Il faut préciser que bien entendu, cela ne s'applique qu'au démunis Vatranis, les autres sont invités à dormir dehors (mais pas trop près du temple si possible), mourir de faim, ou se convertir. Chaque temple possède également une "salle de confession", une pièce où tout fidèle peut venir anonymement expliquer ses problèmes, demander conseil, ou demander pardon pour ses péchés à un prêtre.
Le culte de la Main de la Vérité est sans contexte celui ayant le clergé le plus organisé et surtout, présent. Les Vatranis mettent un point d'honneur à construire un temple dans toute ville devenant un tant soit peu importante. Ce clergé est extrêmement hiérarchisé, avec un système de grade très précis déterminant les prières, bénédictions et sermons que le prêtre peut effectuer, ainsi que la taille du territoire sur lequel il a le droit d'officier. Toute entorse à ces règles est sévèrement punie, ainsi bien évidemment que toute désobéissance à un supérieur hiérarchique.
Les prêtres ne choisissent jamais la ville dans laquelle ils officient, car cela est décidé par leurs supérieurs. Cette décision peut servir de récompense ou de punition (être envoyé à Norg ou dans un village de campagne de Lerg n'est ni très sûr, ni très agréable pour un prêtre de la Main de la Vérité). L'avancement dans la hiérarchie se fait par décision directe des supérieurs hiérarchiques. Il faut donc prouver sa foi, sa détermination, sa motivation et sa compétence. Et selon les endroits et les époques, le népotisme ou la corruption peuvent également être des atouts majeurs pour l'avancement de carrière.
Le clergé Vatranis est dirigé par un Grand Pope résidant à Cahorl, au sein de l'immense Cathédrale de la Lame. Il est élu par les dix cardinaux Vatranis, les dix personnes les plus élevées dans la hiérarchie (à l'exception du Grand Pope), qui votent pour l'un d'entre eux. Il convient de s'adresser à lui par le titre d'Ineffable. La Cathédrale de la Lame accueille en outre l'essentiel de l'administration du clergé et est réputée pour être un enfer bureaucratique encore plus complexe et retors que celui du palais impérial. Cette cathédrale est également réputée pour les nombreuses manipulations, corruptions, coups montés, meurtres parfois, bref pour ses intrigues interminables.
En plus de la partie séculaire, il existe de très nombreux groupes armés appartenant au clergé. Ces groupes vont de la petite milice locale à la riche confrérie capable d'intervenir n'importe où sur Illergan dans les plus brefs délais. Cela permet au clergé de garder un œil attentif sur ses ouailles, en plus des temples présents un peu partout. Il est cependant notoire que l'influence du clergé Vatranis n'est nulle part aussi puissante qu'à Cahorl, et qu'elle est même assez faible en dehors de l'Empire de Vacylnor.
Ce culte qui vénère les cinq Dieux de la Vérité a pour maîtres mots justice, droiture et honneur. Les fidèles, appelés les Vatranis, sont donc en principe des gens droits, honorables et courageux qui tentent du mieux qu’ils peuvent de rendre la vie de leur prochain plus simple et plus agréable, pour peu que ce prochain vénère les mêmes Dieux. L'image que l'on renvoit aux autres est ainsi fondamentale, ce qui implique un comportement irréprochable en public (et en théorie, en privé). Néanmoins, les fidèles de la Main de la Vérité ne sont pas très tolérant envers les autres croyances et tendent à vouloir convertir les membres des autres cultes. Ils ont également tendance à faire preuve d'un manque de respect total pour les gens qu'ils n'ont pas réussi à convertir.
C'est la religion dominante parmi les humains du Vacyentir, mais elle est en revanche tout à fait minoritaire dans les autres régions d’Illergan. La raison pour cela est que les Empereurs de Vacylnor ont pendant longtemps utilisé le culte comme moyen de pacification et de repression sociale. C'est aussi là une des origines de l'intolérance des Vatranis.
Les dieux de la Main de la Vérité ne sont pas véritablement adorés par la plupart des fidèles, mais seulement par les fanatiques. Les autres croyants ont simplement conscience de l’existence de ces Dieux tout-puissants, ils les respectent et font appel à eux par le biais de prières lorsque c'est nécessaire (Rakna pour les récoltes, Acalandar pour les jugements, Dandju pour les combats, etc…). Des offrandes de nourriture, d’objets ou encore des sacrifices animaliers sont de mise lorsque l'enjeu d'une prière est de taille. Il est également nécessaire de se confesser au moins une fois par semaine. Par ailleurs, les Vatranis ne mangent normalement pas le premier jour de la semaine, pour commencer celle-ci en étant purs. Leur morale de pureté physique et mentale les pousse à éviter les drogues (dont l'alcool), ou alors à les consommer en quantités minimes, par stricte politesse.
Les endroits où les deux morceaux de la Lame de Dandju sont tombés (Cahorl et Silannor) sont devenus des lieux saints puis des grandes villes du Vacyentir. Les deux morceaux de l’épée sont considérés comme des reliques divines et les fidèles viennent prier auprès de ces objets sacrés. Le pèlerinage vers Silannor est l'un des plus éprouvants d'Illergan, que seul les plus fervents Vatranis entreprennent, et que seuls les plus doués ou chanceux d'entre eux réussissent. Ceux ayant terminé ce pèlerinage sont fortement respectés par tous les fidèles.
Les hommes adeptes de la main de la vérité ont généralement le crâne intégralement tondu, tandis et les femmes ne se rasent que les côtés du crâne. Les membres du clergé ont en plus une main tatouée colorée sur le front et ne s’habillent qu'en blanc. Les simples fidèles portent parfois également ce tatouage mais à des endroits plus discrets comme les bras ou le torse. Il est assez mal vu pour un Vatranis de porter ostensiblement des signes de richesse ou de pouvoir s'ils ne sont pas nécessaires (comme l'est par exemple un sigle nobiliaire). Ces signes doivent être gardés pour les dieux, c'est à dire pour les temples, non pas pour les mortels.