La Déesse Noire était à une époque vénérée par la grande majorité des elfes d'Illergan. Elle se faisait nommer Démyana et ses fidèles se devaient de vivre en harmonie parfaite avec la nature. Après la séparation progressive des elfes sylvestres et des elfes du lac, vers la moitié du Premier Âge, les seconds ont cessé d'adorer cette Déesse de la nature pour créer un nouveau culte, celui de Vikasar. Or, comme les adeptes de ce nouveau culte sont bien plus aventuriers et voyageurs que les traditionalistes de la Déesse Noire, c'est essentiellement le culte Vikasar qui s'est exporté partout en Illergan lors de l'expansion des elfes vers le nord, devenant ainsi petit à petit le culte majoritaire chez les elfes. Les adorateur de la Déesse Noire se font appeler les Sorlams (dérivé de "tradition" en elfique) depuis que leur culte est devenu minoritaire et craignent par dessus tout le jour ou leur Déesse se vengera des infidèles (et de ceux qui n'ont pas réussi à les retenir).
Étonnamment, c'est au nord, dans la forêt de Ciarl, que s'est développée la plus grande communauté Sorlam : la cité de Sarlim. Elle a été bâtie initialement autour d’un lieu saint : le temple où la déesse Démyana est apparue pour la première fois devant ses fidèles : elle s’est présentée ce jour-là comme étant Démyana, la Déesse Noire. Devant trente-quatre fidèles, elle a commencé à dicter avec précision les nouvelles règles de vie à respecter si les Sorlams voulaient redevenir de "vrais" elfes. Elle a également précisé qu'elle allait s'endormir, et détruirait les civilisations d'Illergan à son réveil si celles-ci se ne sont pas revenues dans le « droit chemin ». Ces premiers élus sont devenus aveugles et ont obtenus d'étranges pouvoirs semblables à ceux de leur Déesse suite à leur vision. Ils ont décidé d’arpenter Illergan pour diffuser la parole de la Déesse et faire savoir aux elfes que Démyana s’était manifestée. Depuis ce jour, le nombre 34 a un caractère sacré aux yeux des Sorlams, et les tombes de ces 34 Vahilns - réparties dans tout le Vacyentir - sont devenues des lieux de recueillement et de pèlerinage. L’apparition de la Déesse marque un important bouleversement dans la vie des Sorlams puisqu’elle est à l'origine de la plupart des coutumes qui les démarquent aujourd'hui des autres elfes. En particulier, le don de sang des rituels Sorlams a pour but de nourrir la Déesse dans son sommeil, pour éviter son terrible réveil.
Même si les coutumes des Sorlams sont très austères et peu accueillantes, ils n’ont pas vraiment de mal à vivre près des autres elfes, bien qu’ils qualifient ces derniers d'Itaras, signifiant « inconscients » en elfique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ils ne détestent pas les fidèles des autres cultes (même les Vikasars), mais se contentent de les considérer comme extrêmement stupides de causer l’inévitable destruction d'Illergan par leur Déesse. Excepté à Sarlim où il n'y a que des elfes noirs, la majorité des cités elfiques comptent un quartier Sorlam qui vit quasiment coupé du reste de la ville, c'est à dire que ses habitants ne se procurent auprès des autres citadins que ce qu'ils ne sont pas capables de générer eux-même (généralement des métaux ou autres matériaux).
Les temples de la Déesse Noire sont "construits" de la même manière que leurs villes, c'est à dire qu'il s'agit d'arbres dont les Sorlams altèrent la croissance pour leur donner la forme qu'ils souhaitent, créant des temples souvent tout en hauteur. L'extérieur est donc couvert de feuilles et de fleurs, parfois même de fruits. Des branches dépassent souvent, permettant de créer de l'ombre dans le jardin du temple, ou simplement d'embellir la structure. Le sol du rez-de-chaussée est généralement de l'herbe, et les étages sont constitués de nombreuses petites plateformes construites avec un entrelacement de branches. Il est donc fréquent d'avoir une vue plongeante sur le rez-de-chaussée depuis le sommet de la structure.
Les murs intérieurs sont recouverts par des lierres Tivans, une plante grimpante très importante pour la culture Sorlam puisqu'elle fournit les nécessaires baies de Tivana.
Les temples Sorlams ont généralement un nombre important de pièces, souvent petites. Il n'y a pas réellement de salle principale mais plutôt de multiples alcôves. Vu la méthode de construction de ces temples il n'y a jamais de porte, mais aucun Sorlam n'oserait manquer de respect à l'intimité d'un ou d'une de ses congénères.
Une tradition des temples Sorlams est d'accueillir tous les fidèles qui désirent y dormir, pour se ressourcer auprès de leur Déesse et de leur congénères. L'intérieur de la structure est donc rempli de hamacs tendus entre les plateformes et les branches, et les rares grandes salles sont organisées en dortoirs.
Les Sorlams sont aussi appelés "elfes noirs" à cause des baies de Tivana qu’ils mangent en abondance et qui rendent leur sang noir, donnant un aspect grisâtre à leur peau. Par ailleurs consommées pour leurs qualités nutritives, ces baies sont un aliment obligatoire pour les Sorlams. Seuls quelques élus n’en consomment pas, car ils sont nés avec le sang noir. Ces élus sont appelés les Sudactas ("sang pur" en elfique) et sont généralement en haut de l’échelle hiérarchique Sorlam. On compte actuellement environ 1 Sudacta pour 1000 Sorlams. Ils incarnent l'elfe parfait, descendant de la Déesse Noire, et sont souvent plus agiles et plus forts que les autres elfes.
La société Sorlam étant une théocratie, le clergé de la Déesse Noire est bien évidemment très organisé. Les 34 membres du Synode ont le pouvoir spirituel et temporel, et ce sont eux qui nomment les prêtres et leurs assignent leurs missions. Ce que peu de gens savent, même chez les Sorlams, est que les membres du Synode ont un corps modifié à l'image de leur Déesse, comme l'étaient les Vahilns : ils ne vieillissent pas, se nourrissent exclusivement de sang (généralement issu des dons des fidèles), et ont des capacités physiques et magiques accrues et particulières. Trente-quatre jours avant leur mort, les membres du Synode reçoivent une vision de la Déesse leur disant de choisir un remplaçant auquel ils transmettront leurs pouvoirs. Aucun membre du Synode n'a jamais failli à cette tâche, et tous ont accepté leur mort prochaine comme une certitude divine (et en effet, ces visions ne sont jamais fausses).
A part les membres du Synode, les membres du clergé ont tous un statut égal, sans lien hiérarchique. Les temples de Démyana situés en dehors de la forêt de Ciarl sont très indépendants et gèrent leurs affaires seuls. Il arrive cependant qu'ils ne puisse régler un problème, auquel cas ils peuvent demander de l'aide au Synode. Dans ce but, de nombreux groupes armés Sorlams ont vu le jour. Ces groupes peuvent intervenir un peu partout en Illergan et sont généralement très craints. Ils ne se mêlent cependant jamais des affaires qui ne concernent pas les communautés Sorlams. C'est l'une des raisons pour lesquelles les quartiers Sorlams des villes d'Illergan ne sont que très rarement troublés.
La crainte du réveil de Démyana est la base de presque tous les rituels Sorlams, puisqu'ils sont convaincus qu'elle détruira toutes les civilisations d'Illergan lors d'un événement appelé « l'Ultime Purification ».
Il existe deux types d'offrandes pour la Déesse Noire. En tant que déesse de la nature, les Sorlams lui offrent de la nourriture, des plantes, des sacrifices animaliers et même plus rarement humanoïdes. Mais à cause des dispositions particulières de leur Déesse, les Sorlams font également très souvent offrande de sang (généralement le leur, mais pas toujours) pour la nourrir et s'assurer qu'Elle ne se réveille pas. Le don d’objets ou de richesses est en revanche prohibé par les fondements sacrés de la religion. En effet, les Sorlams ont un mode de vie très épuré, pour eux la grandeur vient des sacrifices consentis (au sens large) et non des richesses possédées, ce qui est à l'opposé des axiomes des Vikasars.
La déesse noire exige de ses fidèles une dévotion totale qui se traduit en grande partie par des scarifications régulières. Cette pratique est en effet très courante chez les Sorlams et ces derniers arborent leurs cicatrices avec beaucoup de fierté. Lors d'une scarification, un Sorlam va généralement utiliser son propre sang pour accomplir un rituel ou une offrande.
On reconnaît d'ailleurs facilement les Sorlams (qu'ils soient en pèlerinage ou en mission) car, en plus d’arborer explicitement leurs cicatrices, ils se vêtissent systématiquement de noir et laissent leurs armes apparentes.
Tous les Sorlams ont deux obligations religieuses très importantes. La première est le Service de la Déesse, un service militaire de 10 ans. Ce service peut être effectué dans l'armée de Ciarl, dans les services d'espionnage du Synode, ou dans les milices des quartiers Sorlam d'autres villes. Au bout de la cinquième année de ce service, un Sorlam reçoit son Vrai Nom lors d'une cérémonie sobrement appelée "Nomination". Il se choisit alors un nouveau nom correspondant à ses aspirations, et abandonne son nom de naissance. Une fois qu'un Sorlam a reçu son Vrai Nom, il fait alors officiellement partie de la société Sorlam, et peut choisir sa vocation (après avoir terminé les 5 ans de service supplémentaires).
L'autre obligation religieuse est le pèlerinage. En effet, tout Sorlam doit accomplir au moins un pèlerinage dans sa vie, sur la tombe d'un des Vahilns ou à l'autel de Démyana (pour un Sorlam n'habitant pas Ciarl). Ne pas avoir fait de pèlerinage ne bloque officiellement rien pour le fidèle, mais est extrêmement mal vu. Il est fréquent pour un Sorlam âgé d'avoir effectué plusieurs pèlerinages. Sur les 34 Vahilns, seuls 28 ont une tombe. Autour de ces tombes ont été construits des temples immenses (et très bien défendus) qui sont les lieux les plus sacrés des Sorlams. Ceux ayant accompli un pèlerinage se font scarifier le symbole du Vahiln associé sur leur corps par les prêtres locaux, comme preuve de foi.
Un rituel très important pour les Sorlams est celui de l'Ablution Noire. Tous les trois mois approximativement, une pluie noire et épaisse, ressemblant au sang des sudactas, tombe sur Sarlim et ses environs. Les Sorlams présents sur les lieux ont alors pour devoir sacré de rester nus et sans bouger sous cette pluie (qui ne dure jamais plus de 12 heures) dès lors qu'ils ne sont pas occupés à une tâche vitale (comme monter la garde par exemple). Les Sorlams considèrent en effet que cette pluie provient directement de leur Déesse, et qu'elle a donc de grandes vertus purificatrices.
Parfois, cette pluie couvre une aire plus vaste (la rareté de ces pluies dépend de la surface qu'elles recouvrent), permettant aux Sorlams loin de Ciarl d'exécuter eux aussi le rituel. Environ une fois par siècle, cette pluie recouvre tout Illergan. C'est alors un jour saint pour les Sorlams, et généralement un moment très perturbants pour les illerganéens qui ne connaissant rien à ce culte.